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Fin d'ère - Nouvel air

17 juillet 2005

Un avion peut en cacher un autre !

a380Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre ! Un avion peut en cacher un autre !
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18 septembre 2004

TF1 est-elle une télé pourrie ?

A vous d'en juger. A partir de cette nouvelle affaire. Ce n'est pas la première fois que cette immonde emission cause du préjudice. Il faut faire de l'audience et abrutir pour mieux vendre du coca, comme le disait un très grand président de chaine !!

Les journalistes de télévision confrontés à la difficulté de mettre en images leurs enquêtes LE MONDE | 17.09.04 | 15h08

A trop courrir après les audiences, les medias sont en train de corrompre la notion de démocratie en se transformant en juges, en accusateurs, en roulant dans la boue les gens avant que la justice soit passée. Qu'importe le mal fait aux iondividus, à leurs familles, à leur santé. L'important c'est le fric, c'est le plus possible de crétins captivés pour pouvoir ingurgiter la prochaine série de spots.

Tout ceci est vraiment très grave . Les médias sont devenus plus puissants que le pouvoir politique.

11 août 2004

le cynisme est définitivement au pouvoir !

Je ne rajouterai rien à la citation de Mr Patrick Le Lay President de TF1. Je vous laisse juges !!!

"à la base , le métier  de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du telespectateur soit disponible. Nos emissions ont pour vocation de le rendre disponible (...) Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau disponible."

29 juin 2004

Brève de couloir 003

- je commence à en avoir vraiment marre de toutes ces formations à la gomme !

- tu leur reproches quoi ?

- c'est jamais au bon moment et on perd son temps

- il faut bien se metre à niveau de temps en temps

- oui, mais c'est comme si on faisait du sport une fois par an. C'est un peu artificiel et ça a moins d'impact

- si tu étais responsable de la formation tu ferais quoi ?

- je supprimerais les stages qui sont un archaïsme à notre époque

- tu les remplacerais par quoi ?

- par de la micro-formation au quotidien.Au moins ça collerait plus à la réalité

- je n'ai pas le sentiment que nous soyons mûrs pou l'homéopathie !

- c'est sûr qu'il est plus facile de déplacer les pathologies que de régler les vrais problèmes !

17 juin 2004

Brève de couloir 002

- ces réunions on y perd un temps fou !

- oui mais tout le monde revient quand même

- tu voudrais qu'on fasse comment ?

- que vous ayez une peu de courage en ne venant pas ou un peu d'initiative en essayant d'apporter des solutions

- tu y vas un peu fort, c'est pas moi le patron !

- c'est grâce à des idées comme ça que tu ne le deviendras jamais

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16 juin 2004

Brève de couloir 001

- encore une nouvelle organisation qui ne remet rien en cause et qui redistribue les rôles à des incompétents !

- c'est la loi de parkinson !

- c'est quoi cette loi ?

- plus on monte dans une organisation plus les gens cooptent des incompétents

- pourquoi ?

- question de survie !

- peut-être pour eux mais pas pour la structure

- en cas de problème on vire d'abord ceux du bas

- il y a des jours où je me demande pourquoi je suis encore là

- c'est pourtant simple

- ?

- pour ton salaire

- tu as raison pour être durable il ne faut pas être éthique

16 juin 2004

15- Des hoquets pour l'octet

11.

 

C’est vrai que le bureau d’à côté, celui de son chef, ressemblait plutôt à une boutique de logiciels dans leur boîtiers tout neufs et encore bien emballés. Maïté, assistante au service marketing ne supporte pas ce gâchis et en a profité, lors de notre entretien, pour dénoncer les excès de l’informatique. Elle sait de quoi elle parle. A quarante huit ans, elle fait partie de ceux qui ont souffert d'avoir été initiée à l’informatique sur le tard. Dur, dur.

 

Ca doit vous changer la vie l’informatique ?

C’est vrai qu’on ne pourrait plus vivre sans, mais c’est pas la fête tous les jours . On finit par se faire prendre en otage par la machine et on passe notre vie devant l’écran et les mains sur le clavier. C’est à se demander qui est l’outil.

Pourtant ça limite le papier en principe ?

Vous avez raison de dire en principe car pour l’instant on crée plus de papier qu’on en supprime. Déjà les services informatiques centraux nous inondent de listings, c’est tout juste si on ne nous les livre pas par brouettes. Ensuite, comme tout le monde n’est pas équipé, on est obligé de tout imprimer pour pouvoir travailler même quand la machine est prise. En fait, on est encore dans l’ère de la ramette pas encore dans celui de la disquette.

Ca a été dur de s’y mettre ?

Il a d’abord fallu se former. Alors on nous a payé des stages. Entre ceux qui étaient mal animés et ceux qui ont eu lieu trop longtemps avant l’arrivée des machines, ça n’a pas toujours été une réussite. Ensuite, il a fallu s’adapter aux machines et aux logiciels. Et là, on a du se débrouiller tout seuls. Je ne vous dis pas le temps qu’on y a passé. On y a perdu des journées entières, des fichiers et pour finir mélangé des données. Et là, plus personne pour nous aider. Et pendant ce temps-là, il fallait quand même continuer à faire son travail. Il y en a qui ont pris quelques rides et quelques cheveux blancs.

Tout le monde a réussi ?

Il y en a qui sont restés sur le carreau. C’est surtout les plus âgés. L’informatique en a liquidé plus d’un. C’est dommage parce qu’ils savaient beaucoup de choses. Rien n’avait été prévu pour ce type de profils. Selon la stratégie établie, tout le monde devait suivre coûte que coûte. D’autres, à l’opposé, se sont tellement passionnés pour la micro qu’ils ont fini par en oublier l’essentiel de leur travail. Ils sont devenus les bidouilleurs de service et ont trouvé plus de gratification dans la relation cathodique que dans les échanges avec leurs collègues. Par contre, ce qui en a écœuré plus d’un, c’est de voir les machines les plus puissantes équiper les étages les plus élevés, alors que ça ne se justifiait pas du tout. Et maintenant, c’est devenu la "course à l’armement". Celui qui n’a pas le dernier micro, le dernier portable, le dernier processeur 486, la dernière version d’Excel ou de Windows, fait figure de demeuré. L’informatique est devenue un signe extérieur de pouvoir et de richesse.

Il y a des excès ?

Il y a des gens qui ont des machines qu’ils n’utilisent pratiquement pas. D’autres qui collectionnent les logiciels. Le pire, c’est de voir à quel point on a comprimé les dépenses dans un tas de domaines et comment on a laissé une totale liberté budgétaire au responsable informatique. Rien n’est trop beau, rien ne lui est refusé. Les constructeurs doivent se frotter les mains !

Son pouvoir est devenu trop important ?

Comme beaucoup de monde n’y comprend rien, il est difficile de contester ses choix. Il devient l’une des directions la plus courtisée et la plus dépensière. Toutes les autres directions doivent lui faire allégeance si elles veulent avoir les bons matériels. En fait, l’informatique est devenue le centre d’enjeux stratégiques et financiers tellement importants que je crois qu’il est temps de la faire superviser par des non-informaticiens.

 

REFLEXION

Il faut du temps pour se rendre compte que certains comportements coûtent plus qu’ils ne rapportent. C’est d’autant plus vrai dans des domaines où, paraît-il, l’on n’arrête pas le progrès ...... l’informatique par exemple.

15 juin 2004

14- La stratégie du sandwich

4.

 

Dans cette entreprise, il n’existe plus que deux mouleurs qui sachent élaborer, à la main, les formes de découpe spéciales. Pierre, l’un d’entre eux fait partie de ces ouvriers dont la passion du métier compte avant tout. Il est apprécié et estimé de tous. Mais, pourquoi donc, en 25 années de bons et loyaux services, Pierre a-t-il toujours refusé de se faire happer dans la spirale ascendante de l’organigramme ? Son témoignage devrait faire réfléchir aux vertus de l’humilité.

Quelles sont pour vous les perspectives d’évolution ?

Faire de mieux en mieux mon travail, sortir des produits de plus en plus parfaits, voilà mes perspectives d’évolution.

Mais vous n’envisagez pas de grimper dans la structure ?

Surtout pas. Quand je vois ce qu’ils deviennent, ça ne me donne pas envie de les imiter. Je préfère rester à ma place et mieux faire mon boulot que de grimper et brasser du vent. Le malheur, c’est que des gens comme moi il y en a plus beaucoup. Ils veulent tous monter, et avouons-le, le système est conçu comme ça !

Et il y a de la place pour tout le monde ?

Malheureusement non. Et cette course à la promotion fait plus de déçus que d’élus. Et comme dans toute course au pouvoir, il y a des crocs-en-jambe. Ils passent un temps fou et dépensent une énergie colossale dans des querelles intestines et des intrigues politiques. Sans s’en rendre compte, ils finissent par s’intéresser plus à leur petit intérêt personnel, qu’à l’intérêt collectif.

Ils peuvent agir contre l’intérêt de l’entreprise ?

Jamais de manière délibérée. Mais très souvent, peut-être par instinct de conservation, les chefs prennent plus de temps à marquer leur territoire qu’à les cultiver. Ils se préoccupent plus de plaire au dessus que d’aider en dessous. Ce qui amène à des décisions pas toujours très rationnelles.

Comment se décident les évolutions ?

D’abord il y a ceux qui ont du talent, et de ce côté-là il n’y a rien à redire. Mais il y a aussi l’ancienneté, le copinage, l’opportunisme, le complot, le faillotage, et bien entendu l’erreur. Tout cela fait que si les gens sont généralement bien ceux qu’il faut dans le cadre de leur premier emploi, ça devient beaucoup moins vrai au fur et à mesure que l’on monte. Ca finit par faire des hiérarchies de moins en moins compétentes. Heureusement qu’à la base on colmate !

Vous pensez qu’il y trop de monde au dessus ?

Vraisemblablement, car on ne les voit pas souvent et ça marche quand même. Je pense qu’ils vivent plus ensemble qu’avec l’entreprise. Ils ont perdu leurs racines et leur bon sens. Ils passent beaucoup de temps à réfléchir, comme ils disent, à faire des stratégies. Il y a quelques mois ils ont supprimé une ligne hiérarchique. A mon goût, ça a plutôt arrangé les choses. Eux qui cherchent toujours à faire des économies, ils pourraient tout simplement commencer par être moins nombreux.

Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?

C’est de voir tous ces directeurs, là-haut, qui s’agitent . On a l’impression qu’ils ne nous comprennent plus. Ca ne les empêche pas de nous juger et de nous noter. Et puis ils sont tellement nombreux que l’information met un temps fou à monter, que les décisions ne se prennent plus, que chacun finit par empiéter sur le champ du voisin et que, bien sûr, il faut qu’on travaille de plus en plus pour les nourrir.

Que faudrait-il faire pour que ça aille mieux ?

D’abord, il faudrait que chacun reste dans son métier beaucoup plus longtemps, et qu’il devienne un vrai professionnel avant d’envisager de grimper. Il faudrait éviter de faire tourner les directeurs aussi vite car on a à peine le temps de se comprendre qu’ils s’envolent pour de nouvelles responsabilités. Je crois qu’on ferait mieux de dégraisser en haut, qu’en bas. J’ai vraiment l’impression qu’au nom de la conquête du pouvoir ils vont finir par casser la machine !

 

REFLEXION

Dans certaines entreprises il y aura bientôt plus de directeurs que d’ouvriers. Est-ce bien rentable ?

14 juin 2004

13- Messes et chuchotements

10.

 

Au service Après-Vente, on aime que les choses soient carrées. Georges, l’un des techniciens, ne comprend pas pourquoi on dépense autant d’argent pour soi disant communiquer. Au fond, à quoi cela sert-il ?

D’après lui, la communication ne fait qu’entretenir la mégalomanie des dirigeants et ajouter à la confusion générale. Cette communication, si savamment orchestrée ne ressemble-t-elle pas, parfois, à de la mauvaise propagande et ne masque-t-elle pas ce que l’entreprise possède d’authentique.

Vous avez le sentiment de bien comprendre ce qui se passe dans votre entreprise ?

Franchement non. Et pourtant ils essaient de faire des efforts de communication. J’ai bien peur que tout cet argent englouti dans la communication soit bien mal employé. Prenez notre journal d’entreprise. Il y a bien longtemps que plus personne ne le lit et pourtant il continue à paraître, imperturbable. Il y la tribune du président, les références, les nominations, tant de sujets qui n’intéressent plus personne depuis bien longtemps. Mais tant qu’il y aura le budget et l’équipe, le journal sortira même s’il n’a plus de lecteurs. Le paradoxe de notre communication interne, c’est qu’on sait ce qui se passe au Guatemala, mais on ignore totalement ce qui se passe dans le service voisin.

Il n’y a pas que le journal interne quand même ?

C’est vrai, il y aussi les réunions d’information, elles aussi peu fréquentées. Depuis quelques mois il y a une messagerie électronique, mais comme beaucoup de gens ne s’en servent pas et que l’information n’est pas tenue à jour elle est déjà en train de tomber en désuétude. Pourtant il y eu plein d’études avant son installation. On a consulté du monde, on a réuni des groupes, on a pris des avis. Et puis au moment du lancement on a oublié d’informer, d’expliquer, de former. On a laissé les systèmes de notes internes continuer, et comme on a tous nos petites habitudes, on a préféré ne rien changer. Il n’en reste pas moins que tout ça c’est encore beaucoup d’argent jeté par les fenêtres. Alors, quand on me refuse 200 f d’augmentation par mois ça me laisse songeur.

Vous avez des réunions générales ?

Tous les ans, on a notre grand-messe. Tout y est : la vidéo, l’animateur de la télé, les grands chefs, les discours, les clips. C’est vraisemblablement le moment le plus organisé de l’année. On nous présente les résultats, accompagnés de dizaines de graphiques tous aussi ésotériques les uns que les autres, on nous annonce les stratégies, les défis. Tout ça donne l’impression d’un TGV qui passe au milieu de l’entreprise. Ca fait du vent mais on ne voit pas grand chose. On en sort avec le sentiment qu’on doit avoir les moyens puisqu’on organise ce type de réunion, même si on ne voit pas très bien à quoi tout cela a servi. Enfin, l’important c’est que les chefs puissent s’exprimer. Ils ont l’air tellement heureux après.

Quelle communication marche le mieux ?

Celle qui est informelle, celle qui ne coûte rien, celle qui n’est pas mise en boîte. On apprend plus de choses au restaurant d’entreprise que dans les journaux. C’est au coin des machines à café que se construisent les vrais systèmes d’information de l’entreprise.

Pourquoi l’information ne circule-t-elle pas mieux ?

Parce que nous sommes égoïstes. Nous vivons chacun dans notre bulle, recroquevillés sur nos secrets et nos privilèges. Intrinsèquement, notre quotidien ne nous pousse pas à communiquer et ce n’est pas la nomination d’un monsieur communication et la création de moyens coûteux de communication qui y changeront quelque chose. Si l’état d’esprit ne change pas, si l’information continue à descendre pour ne jamais remonter, on aura beau dépenser des millions, la communication n’évoluera pas d’un iota !

REFLEXION

Aucune entreprise ne peut se passer de communication. Ce qui, en revanche, est tout à fait contestable, c’est le montant des sommes qu’il faut y investir par rapport aux résultats généralement obtenus. Pourquoi ?

14 juin 2004

12- L'état durgence

12.

 

L’encadrement intermédiaire a bon dos et être chef de vente de nos jours n’est pas une sinécure. Patrick, qui occupe cette fonction, profite de notre entretien pour tirer la sonnette d’alarme. Il n’en peut plus d’être en permanence sous pression, d’agir et de faire agir dans l’extrême court terme. La pression d’enjeu rend myope, détruit le plaisir de travailler, favorise les coups bas, oblige à masquer la vérité des chiffres pour finalement ne plus savoir si on est perdant ou gagnant.

 

Vous donnez l’impression d’être quelqu’un de très occupé.

Pour être vraiment honnête, je cours plutôt après mon ombre, et il y a des jours où je me demande si vraiment je maîtrise la situation. Autant vous le dire franchement, ma position n’est pas simple et je suis souvent pris entre le marteau et l’enclume.

Qui est le marteau et qui est l’enclume ?

Le marteau c’est les stratégies qu’on nous fait appliquer. Enfin stratégies, je ne sais pas si c’est vraiment le terme, parce que ce n’est pas toujours très cohérent. Il y a les ordres, il y a les contre-ordres, il y a les "il faut absolument que". Et nous, en bout de chaîne, il faut qu’on fasse appliquer ça sur le terrain. C’est difficile d’être très crédible au niveau de nos hommes qui nous prennent, soit pour des girouettes, soit pour des carpettes. Et après ça, il y en a qui vont vous parler de la crise des cadres intermédiaires. A qui la faute à votre avis ?

Concrètement ça veut dire quoi ?

Par exemple, au début de l’année, on nous fait une grande messe où on nous rabat les oreilles avec l’image institutionnelle, l’image de marque, le service et surtout la sacro-sainte marge. Et puis très vite la pression monte pour que les quantités soient à la hauteur des prévisions et ce à n’importe quel prix. Quand je dis n’importe quel prix, ça peut aller de nous pousser à accepter des remises, jusqu’à nous faire comprendre qu’une présentation "astucieuse" des résultats arrangerait bien tout le monde. Seulement, de mensonge en mensonge, de faiblesse en faiblesse, on égratigne l’image, on casse la rentabilité et finalement on s’en prend plein la tête à la fin de l’année car bien entendu c’est nous qui ne savons pas manager nos vendeurs et nos vendeurs sont des incapables ! Je ne vous explique pas quelles sont les répercussions sur la motivation.

Vous pouvez aller plus loin ?

On finit tous par être désorientés, voire écœurés. Et c’est généralement là que nos grands chefs nous sortent de leur chapeau une magnifique opération de stimulation. La stimulation, en gros, consiste à remotiver momentanément les gens après les avoir démotivés par une stratégie incohérente. Ca se déroule généralement sur des périodes courtes de deux ou trois mois pendant lesquelles on promet à tout le monde le paradis sur terre si on atteint les objectifs. Et il faut reconnaître que souvent ça permet des poussées de fièvre. Les vendeurs s’agitent, jouent tous les coups, même les plus bas, afin de pouvoir être les nouveaux héros de cette horde sauvage. Bien entendu, on est obligé d’être complice, et je vous laisse imaginer les dégâts que tout cela provoque.

Ah bon ! Lesquels ?

D’abord on devient tous des "camés". Pour avancer il nous faut notre "dose" de stimulation et notre "ligne" de cadeaux. Les vendeurs finissent par considérer que c’est un avantage acquis et ont tendance à baisser leur rythme dès la fin de la stimulation. Il y en a même qui mettent les ventes au "frigo" comme on dit chez nous. On les réserve pour le prochain challenge ! De plus dans toute stimulation il y a ceux qui gagnent et ceux qui perdent. Imaginez un instant la tête et le moral de ceux qui perdent. C’est une forme évoluée d’automutilation de sa force de vente. Celui qui est le plus content dans tout ça c’est le client, parce qu’il a le bonheur de venir pendant une période de promotion produit et de stimulation vendeur il a toutes les chances d’avoir la remise maxi. En fait, la stimulation est le plus sûr moyen de casser nos marges, alors que des méthodes plus fines pourraient nous permettre de vendre plein pot ! Résultat final, on démotive et on démobilise, on perd des points de rentabilité et on rend notre force de vente incontrôlable. Quand après ça on vous dit que les vendeurs ne pensent qu’à l’argent, inutile de vous dire qui en est à l’origine !

Vous insinuez que tout le monde ne poursuit pas le même objectif ?

En fait tout le monde a au moins un objectif en commun : être bien vu de son chef. Et tous les moyens sont bons. Pour le reste, c’est la panique à bord. Pour le vendeur, c’est de vendre coûte que coûte. Pour moi, c’est de respecter mes quotas. Pour mon chef, c’est d’écouler ses stocks et pour les gens du siège, c’est de faire de la marge. Personne ne réfléchissant sur les mêmes bases, il n’y a pas une stratégie d’entreprise mais un galimatias de tactiques par niveaux. Chacun cherche à faire son score pour pouvoir se justifier vis-à-vis des couches supérieures. C’est la dictature du quotidien, nous sommes devenus les otages du court terme.

Pas à 100 % quand même ?

Malheureusement si. On ne prend jamais le temps de réfléchir, de remettre en cause, de tester de nouvelles approches. On réitère jour après jour les mêmes méthodes éculées avec chaque jour plus d’énergie pour que ça passe. Et bien entendu avec ces méthodes, il y a forcément un jour où ça casse. On a par exemple un turnover colossal, des vendeurs qui nous coûte une petite fortune en formation et en recrutement. On a aussi la maladie qui devient le refuge des plus fragiles. Enfin la démotivation chronique des cadres intermédiaires qui est à coup sûr le cancer le plus pervers de l’entreprise.

 

REFLEXION

Pendant longtemps, on a juré que par le système de Direction Par Objectifs. On le paie cher aujourd’hui.

 

12 juin 2004

11- Les bleus au casse-pipe

6.

 

Jacques, qui vient d’être embauché il y a 6 mois, a fait le calcul. Son recrutement et sa période d’intégration ont coûté à l’entreprise 25 000 euros en frais directs. Tout cela a été investi sur sa personne. Sans compter ce qu’ont coûté les trois prédécesseurs qui se sont succédés à ce poste depuis deux ans déjà. Résultat : une envie irrésistible de partir. Comment a-t-on pû en arriver là ?

 

Comment s’est passé votre recrutement ?

C’était un peu le marché au bestiaux. On était plus de 100 à être convoqués. Au bout d’une demi-heure, la moitié était partie car le profil proposé ne correspondait pas du tout à l’annonce. Ils nous ont fait passer un grand nombre de tests, d’entretiens, de jeux. Tout ça, bien entendu, avec des spécialistes. Et puis après, a vraiment commencé le chemin de croix.

Vous voulez dire quoi ?

Pour les cinq finalistes il a fallu rencontrer plusieurs personnes plusieurs fois. Il a fallu attendre, s’expliquer, répéter.

Honnêtement, au bout d’un moment je n’avais plus du tout envie d’entrer. Et puis, il a fallu rappeler, retéléphoner, patienter pour avoir le responsable. On nous a dit que la réponse était imminente, puis pour la semaine suivante, puis pour plus tard. Ca donnait plutôt une impression de désordre. Et enfin, un jour, on m’a annoncé que j’étais recruté et qu’il me fallait me présenter le lendemain matin à 8 heures précises.

Et alors ?

Evidemment, la personne qui m’avait donné rendez vous à huit heures est arrivée à 8h30. Quand il est arrivé, il était très pressé. Il m’a installé dans un bureau et m’a laissé sans consigne jusqu’à midi. Puis il est passé en coup de vent, m’a laissé des dossiers et m’a demandé d’en prendre connaissance. Les jours suivants, la pression étant toujours aussi forte, il m’a demandé d’aller voir les autres services. Bien entendu, ceux-ci n’ayant pas été avertis m’ont accueilli un peu fraîchement, mais enfin ça fait partie du jeu.

Vous avez reçu une formation ?

Pas vraiment. Car je crois que rien n’était vraiment prévu pour moi. On m’a livré quelques livres et très vite je me suis retrouvé dans l’arène. Je ne cache pas qu’au début il y a eu un peu de casse et honnêtement je crois avoir coûté beaucoup plus cher que mon salaire, ne serait-ce que par les erreurs commises et les perturbations que j’ai créées dans les services. Heureusement, au début on vous pardonne.

Ensuite, ça a évolué ?

Malheureusement non, parce que je n’avais pas d’objectifs. Je me suis trouvé plusieurs semaines sans mission et sans management. C’était un peu le happening permanent. C’est alors que j’ai appris que déjà 3 personnes avaient été recrutées à ce poste et avaient fini par abandonner. La sélection naturelle en quelque sorte. Depuis, je me suis rendu compte qu’il en allait ainsi dans pratiquement tous les services. De là à penser que c’est "stratégique" comme ils disent, il n’y a qu’un pas.

Ca vous a laissé quelles impressions ?

D’abord de l’étonnement. Quand on voit les moyens colossaux mis en œuvre pour attirer les candidats par des annonces dans tous les grands journaux nationaux, puis pour sélectionner des individus bardés de diplômes, on s’attend à une intégration plus préparée. Ensuite l’écœurement de devoir faire le pied de grue, de devoir attendre, de rester inactif. Enfin la démotivation devant des cadres aussi peu maîtres de leur temps, devant le gâchis, devant une entreprise aussi peu soucieuse de ses nouvelles forces vives.

Vous voyez l’avenir comment ?

Franchement, j’aimerais vraiment trouver une autre place dans une autre entreprise. Je me sens en totale insécurité. Ce qui est paradoxal c’est de voir l’argent qui a été investi sur moi pour en arriver à me transformer en ennemi de cette entreprise. C’est bien la peine de recruter des super diplômés pour les traiter en amateur.

 

REFLEXION

Ah ! les super diplômés ne sont plus ce qu’ils étaient. C’est pour cela sans doute qu’on est obligé de surdimensionner les profils et de mettre davantage de moyens ?

11 juin 2004

10- Premier de cordée

9.

 

Les carriéristes, dans l’entreprise comme ailleurs, dépensent au moins la moitié de leur énergie à gérer...... leur carrière, pendant que d’autres - les mêmes parfois - dégraissent à tout va. Rentabilité oblige. Comme le pense ce cadre un peu blasé, ce qui est bon pour les dirigeants ne l’est pas nécessairement pour leur société.

 

Vous êtes depuis combien de temps dans l’entreprise ?

Ca va faire 27 ans en mai. Une paye vous allez dire ! Enfin maintenant je pense que j’irai gentiment jusqu’à ma retraite.

Comment a évolué votre carrière ?

Ca ne s’est pas toujours fait sans peine. Parce que l’entreprise c’est un peu la jungle. Les gens passent un temps fou à éliminer la concurrence. Ils protègent leurs arrières. A ce jeu-là, tous les coups sont bons ; ça va de la rumeur à la fausse alliance en passant par le dénigrement. C’est étonnant de voir à quel point des gens embarqués sur le même bateau peuvent se faire du mal.

Il y a quand même des règles ?

Bien sûr qu’il y en a, mais elles ne sont pas toujours très judicieuses. L’une d’entre elles par exemple consiste à nous faire changer de poste tous les deux ou trois ans. On a à peine le temps d’apprendre notre métier et d’être à l’aise, qu’on nous déracine. C’est comme ça qu’on a le sentiment d’être incompétent toute sa carrière. Et puis, on se demande surtout en fonction de quoi on vous attribue tel ou tel poste. Il y a une gestion de carrière occulte dont on ne comprend toujours pas très bien tous les paramètres.

Il y a des combats pour le pouvoir ?

Vous avez prononcé le mot fatidique ; le pouvoir. On ne pense qu’à ça. Tout le monde croit qu’il y a plus de pouvoir plus haut. Tout le monde se bat pour monter. C’est un peu la quête du Graal en moins pur, si vous voyez ce que je veux dire. Ce que ces croisés des temps modernes n’ont pas compris, notamment les plus jeunes qui ne sont pas les plus tendres, c’est que plus on monte moins on a de pouvoir sur les choses. On perd en réalité, on perd en information, on perd en disponibilité. On gagne en temps de réunion, en élucubration, en négociations interminables. Franchement, les sommets ne sont pas toujours des lieux très fréquentables. En effet, alors que le reste de l’entreprise est tourné vers l’opérationnel, les sommets sont hantés par la politique et ses bassesses.

Vous avez évoqué les jeunes cadres, ils se comportent différemment ?

Il n’y a que leur intérêt personnel qui compte. Ils ont été dressés pour diriger et ils n’ont pas de temps à perdre. C’est pour cela à mon avis qu’ils passent plus de temps avec leurs supérieurs qu’avec leurs subordonnés. Ce sont les rois des rapports, des courbes, des explications hyper rationnelles. Mais quelque part, je crois qu’ils ne roulent que pour eux et qu’ils ne servent pas loyalement les intérêts de l’entreprise.

C’est de leur faute ?

Pas tout à fait. Il y a le système d’enseignement et il y a l’exemple de leurs aînés. Ils font la même chose en plus efficace, en plus stratégique, en plus marketing ! Le malheur c’est que les bataillons d’ambitieux ne font pas toujours gagner les guerres. Et puis des chefs, c’est vrai qu’il en faut , mais il ne faut pas que ça. Or avec le principe qui dit que pour progresser il faut grimper, ça finit par créer des engorgements au sommet. Et des engorgements aux égorgements, il n’y a qu’un pas.

Qu’est-ce qui est le plus grave pour vous ?

Le dévoiement de l’intelligence et de l’énergie. Elles ne sont pas utilisées à bon escient. Elles ne sont pas suffisamment utilisées pour l’entreprise. Et le système pousse à ce dévoiement. Il met chacun dans un tel état d’insécurité que les gens mettent plus d’énergie à maîtriser leur survie, qu’à faciliter le développement de leur entreprise. Si les choses étaient plus claires et si la confiance régnait, on pourrait espérer voir les choses changer. On n’y est pas encore.

REFLEXION

Le plus grand gaspillage est celui que nous ne voulons pas voir.

10 juin 2004

09- La dynamique du laid

14.

 

Carmen est l’une des préposées de l’équipe de nettoyage qui passe régulièrement le soir dans les bureaux du siège. C’est là que l’on rencontre les gens les plus respectables de l’entreprise, les plus distingués, les plus raffinés. Du moins, elle le pensait, jusqu’au jour où elle y a découvert des montagnes de déchets et certains endroits encore plus négligés qu’ailleurs. Son témoignage est édifiant.

 

Je suppose que dans votre métier on doit en voir des choses

Ca pour sûr que j’en vois des choses. Et ce n’est pas toujours joli joli ! Je me demande comment les gens font pour vivre dans les conditions où ils sont. Les bureaux chez nous c’est la négation du beau, c’est tout sauf la vie. Il n’y a qu’à voir comment ils se comportent pour voir qu’ils ne se plaisent pas. Tenez, prenez les poubelles, ça donne tout de suite la mesure du gaspillage. On y trouve des classeurs presque neufs, du papier non utilisé, des stylos encore en état de marche. Pour tout vous dire, je fournis mes enfants en papeterie rien qu’avec les poubelles du huitième. Pour jeter toutes ces choses, ils ne doivent pas avoir une grande estime pour la "maison".

Quand vous dites que ce n’est pas beau c’est étonnant car ils viennent d’être refaits vos bureaux.

Vous pourriez vivre vous toute l’année dans une "clinique". Je ne sais pas d’ailleurs qui a été chargé de cette rénovation parce que mettre autant d’argent pour arriver à un lieu aussi triste, il faut vraiment le faire. Tout est pâle, tout est aseptisé, tout est automatique, tout est conditionné, tout est fade. Ca tient plus du hangar de luxe que du bureau douillet. Et la lumière, vous avez vu la lumière, elle aussi elle est blanche, elle vous marque les traits au point de donner dix ans de plus à tout le monde. Pour sûr que toute la journée sous les néons ça crée de la clientèle pour les opticiens. Et puis avec leur air conditionné ça vous fait prendre froid pour un rien. Avec toutes ces machines l’air n’est pas sain. Je suis sûr que cela a quelque chose à voir avec toutes ces maladies de la gorge ou du nez que les gens attrapent toute l’année. Sans parler des bureaux des fumeurs et des salles de réunion. Là on se croirait plus dans une fumerie d’opium que dans un bureau. Non vraiment , mais comment les gens peuvent-ils travailler efficacement dans des conditions pareilles.

Il y a des endroits privilégiés ?

Oui, moi j’aime mieux le huitième, l’étage de la direction. Là ils ont une super moquette, chaque bureau a été personnalisé et puis ils ont mis des beaux tableaux dans les couloirs. Ils ont du y mettre des sous mais c’est plutôt réussi. J’ai demandé pourquoi ils n’avaient pas décoré les autres étages et on m’a dit que c’était pour des raisons de sécurité. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je crois plutôt que c’est parce que tout le monde s’en fout et que personne n’est vraiment responsable de la beauté des locaux. Je crois que les gens ne sont pas très concernés par l’endroit où ils travaillent. Pourtant, c’est bien là qu’ils passent la plus grande partie de leur vie.

Dans quel état trouvez-vous les locaux quand vous commencez votre travail ?

On a l’impression qu’il y a eu un tremblement de terre. Il y a des papiers partout. Faut dire qu’avec l’informatique il y a des tonnes de listings. Et puis on a souvent l’impression que les gens sont partis précipitamment, laissant leurs bureaux mal rangés, se disant que demain ça irait mieux. Alors bien sûr, il arrive que l’on jette des trucs qu’il aurait pas fallu. Entre parenthèses, si je travaillais pour le KGB je pourrais leur en raconter des choses avec ce que les gens laissent traîner. Le plus pitoyable, c’est l’état des toilettes, je ne sais pas si les gens sont aussi sales chez eux, mais pour des gens qui ont des responsabilités comme ils disent, ça ne fait vraiment pas très sérieux.

C’est partout pareil ?

Pas dans tous les services. Ca dépend un peu du chef. Je crois que c’est un peu lui qui donne l’exemple. Il y en a un au quatrième qui a donné un budget décoration à ses collaborateurs. Ils ont toutes les semaines des fleurs nouvelles, ils ont aménagé leur coin café, ils ont mis des posters. C’est drôlement plus vivant. Et puis on le voit bien, quand on croise les gens qui y travaillent. Ils ont l’air plus heureux, plus souriants. Ils vous disent bonjour, eux. Je ne voudrais pas généraliser mais plus les locaux sont tristes, plus les gens le sont, et plus les locaux sont gais plus les gens sont sympas.

 

REFLEXION

Montre-moi ton bureau je te dirai qui tu es ...... et quel patron tu as. Le respect des hommes aurait-il quelque chose à voir avec le respect des choses et des lieux ?

9 juin 2004

08- Mineraux en mutation

3.

 

Françoise est une femme formidable. Elle est dans bien des circonstances l’ambassadrice de son entreprise, sa voix et son sourire. Elle est aussi sa mémoire et le témoin de quelques habitudes qui coûtent si cher et dont certaines pourraient lui coûter la santé. Les révélations que m’a faites cette secrétaire de direction (que je connais depuis plus de 10 ans) sont intéressantes à plus d’un titre. Jugez-en plutôt :

 

Ca doit être stimulant de travailler dans une société aussi moderne avec tous ces moyens.

C’est vrai que ce n’est pas comme dans le temps. Aujourd’hui on a des outils de travail formidables, on a de la place dans nos bureaux. Côté matériel, ça a bien évolué. Je n’en dirais pas autant des comportements des gens. Le modernisme de notre société est en fait une illusion d’optique car face aux machines ultramodernes il y a encore beaucoup de comportements archaïques. Mon patron, par exemple, ça fait 20 ans qu’il me dicte toutes ses notes pour que je les prenne en sténo. Pourtant, il a un ordinateur flambant neuf qui trône au beau milieu de son bureau. Mais comme beaucoup de cadres supérieurs chez nous, il utilise peu son ordinateur. C’est plus un statut qu’un outil.

Pourtant, avec les outils de communication moderne ça doit changer des choses ?

Pensez donc, c’est dans les journaux qu’on vous dit ça. Tenez, par exemple, ils continuent à faire certaines réunions au siège, obligeant ainsi tout le monde à se déplacer, alors qu’elles pourraient aussi bien se faire par téléphone. Je ne vous parle pas des kilos de notes qu’ils s’envoient les uns les autres, dont on imagine sans peine l’usage qui en est fait.

Ils n’utilisent pas les messageries électroniques ?

Encore un gadget qui nous a coûté cher. On nous l’a installé, on nous a formé, puis on a attendu qu’il marche bien pour l’utiliser, entre temps on a un peu oublié. Et puis ceux qui s’en sont servi ont vite vu que les autres ne lisaient pas leur message, alors ils ont arrété. Aujourd’hui il n’y a plus qu’entre secrétaires qu’on l’utilise, car c’est vrai c’est bien pratique. Les autres ont préféré revenir au papier.

On parle beaucoup de gestion du temps, ça a évolué ?

Ca fait maintenant plusieurs années que le plan de formation a intégré la gestion du temps. Ils sont tous passé par des stages dont ils revenaient illuminés, avec leurs nouveaux outils de gestion du temps, et leurs nouvelles résolutions. Et puis très vite, ils redevenaient eux-mêmes. Les gens qui arrivaient en retard recommençaient à arriver en retard, les gens brouillons redevenaient brouillons, les gens débordés redevenaient submergés. La nature revenait au galop et une fois de plus les actes ne collaient plus aux discours. Je crois que le seul qui a fait fortune dans cette histoire c’est le formateur.

N’est-il pas normal que les gens ne changent pas vite ?

C’est vrai que nous sommes tous un peu autistes. Mais enfin pourquoi ceux qui exigent de nous une adaptation minute ne se remettent pas plus en cause. Pourquoi nous demander de faire des économies, alors qu’ils se déplacent en avion pour un oui ou pour un non ? Pourquoi nous faire écrire des notes de dix pages alors qu’on sait très bien qu’ils ne les liront pas ? Pourquoi nous demander le secret vis à vis de nos collègues alors qu’ils passent leur temps à faire circuler des rumeurs ? S’il y a une habitude qui ne change pas, c’est bien celle de demander aux autres de changer sans en faire autant.

Si je vous comprends bien, ça change plus vite en bas qu’en haut.

Et pour cause. D’abord on nous l’ordonne. Ensuite on n’a pas la liberté d’échapper à la réalité de nos tâches. Si on ne fait pas le courrier, il ne part pas. Alors que s’ils ne prennent pas une décision au bon moment ça ne se voit pas tout de suite. Il y a beaucoup de gens qui vivent dans des bulles et qui ne voient plus très bien les choses évoluer. De temps en temps, ils se regroupent pour se rassurer sur l ‘état de leurs bulles. Je crois que c’est parce qu’ils ne comprennent plus la réalité qu’ils ne changent pas. D’une certaine manière, heureusement qu’ils nous ont pour les aider à reprendre contact avec le sol.

En fait vous pensez que votre poste a un avenir ?

Aussi longtemps que nos chefs ne changeront pas, je dirais que oui. Nous sommes le vestige d’une certaine forme d’organisation. Tant que nos organisations seront hyper hiérarchisées, que les chefs auront tous les privilèges, que le progrès technologique ne sera pas digéré, nous aurons un rôle à jouer. Tant que les chefs ne prendront pas en charge certains aspects matériels de leurs tâches, ils s’offriront leur petit confort grâce à nous. Mais le jour où les contrôleurs de gestion comprendront le coût fabuleux induit par des comportements aberrants, je ne donne pas cher de notre peau

 

REFLEXION

Les habitudes sont le plus grand frein au changement. Quel gâchis de voir ces nouveaux matériels, ces séminaires et autres organizers ne rien changer dans les têtes, sauf dans celle d’une secrétaire qui n’est pas dupe.

 

8 juin 2004

07- Le fossoyeur de dollars

15.

 

Le temps est aux économies, il faut "coûte que coûte" réduire les dépenses, c’est certain ! Il n’y a pas longtemps, j’ai rencontré Jean, un directeur financier qui a appliqué ce principe au pied de la lettre. Il a entre autre économisé des millions de francs sur le budget de communication et supprimé une partie de la rémunération variable des commerciaux. Il a atteint ses objectifs en un temps record. De l’avis de certains, c’est un excellent directeur financier.

Je suppose que votre métier ne doit pas vous faire que des amis ?

Par définition, oui, bien sûr. Eux, ils dépensent, moi j’économise. Je suis un peu la police. C’est un rôle ingrat vous savez. Mais moi, ma religion a toujours été qu’un sou d’économisé était un sou de gagné. Alors je traque les excès, je débusque les dépassements, je tire sur les achats, et j’essaie de comprimer au maximum les budgets. C’est une guerre de tous les instants car on ne peut vraiment faire confiance à personne.

Comment faites-vous pour savoir si une réduction de budget est justifiée ?

Si on écoute les gens, elle ne l’est jamais. Chaque personne est indispensable et chaque centime est vital. Moi je coupe et après on voit. Quelquefois, il faut faire marche arrière, mais souvent, après quelques semaines où ils me font la gueule, ils finissent par ne plus m’en parler. Tenez, par exemple, au service communication, je leur ai coupé 40 % de leur budget car il fallait trouver des économies. Au début, ils ont hurlé, ils m’ont menacé. Et puis ça a fini par se tasser. Mais enfin aujourd’hui le pouvoir est à la finance et je sais que je suis soutenu en haut lieu. Alors, pour savoir si une réduction de budget est justifiée je leur dis que si je ne réduis pas leur budget, je serai peut-être obligé de leur couper des têtes. Ils sont très vite calmés vous savez. De toutes façons, on sait bien que tout le monde bidonne les budgets , alors si on en enlève un peu ils se débrouilleront quand même !

Cela vous amène vraisemblablement à interrompre des projets presque en phase terminale ?

C’est vrai et on me dit toujours que c’est bête de perdre tout l’investissement alors que 60 ou 70% ont déjà été investis. Mais moi, ce que je veux, c’est des E-CO-NO-MIES. Quand ça ira mieux on pourra alors réinvestir, quitte à recommencer à zéro certaines démarches. Pour l’instant on n’a pas les moyens, alors on élague et on se concentre sur l’essentiel.

Vous n’avez pas peur de démotiver les gens ?

Je ne suis pas payé pour gérer les états d’âme des gens. S’ils ne sont pas contents, ils peuvent toujours aller ailleurs. C’est d’ailleurs ce que font certains d’entre eux. Ce qui est essentiel pour moi c’est le bilan et surtout la dernière ligne. Alors, la motivation des gens dans tout ça , ça me fait doucement rigoler. Nous sommes une entreprise et pas l’assistance publique. On est là pour faire du profit pas pour s’amuser.

Et les licenciements ?

Là c’est plus compliqué car il y a tout un arsenal juridique à mettre en œuvre. Et puis il y aussi la sensiblerie de certains. La rentabilité d’une entreprise ne supporte pas les écarts affectifs. Quand l’entreprise a les moyens, elle peut nourrir les gens, quand elle ne les a plus elle doit s’en séparer. Alors bien entendu le problème que l’on a c’est que les lois nous amènent à préférer la mise en retraite anticipée aux licenciements. Or, ce sont souvent ceux qui ont le plus de compétences et d’expérience. Enfin, comme ce sont les plus anciens dans un premier temps ça allège nettement la charge salariale. Il sera toujours temps de former leurs remplaçants le jour venu.

Comment jugez-vous de votre efficacité ?

Rien de plus simple, je demande a être jugé sur les économies que je fais réaliser. D’ailleurs je viens de proposer de modifier la rémunération des vendeurs car je trouve qu’ils gagnent des sommes scandaleuses. Là on va économiser de l’argent.

Et il n’y a pas de risque pour vos ventes ?

Pensez donc, ce n’est pas 20 ou 30 % de moins sur les commissions qui va les empêcher d’avancer. Et puis, de toutes façons, les clients continueront à acheter nos produits. Ils ont toujours été fidèles.

 

REFLEXION

Cela me rappelle le procès d’un chirurgien américain qui plaida la réussite technique de l’opération, alors que le patient en était mort.

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Fin d'ère - Nouvel air
  • A un moment où tout semble battre de l'aile, comment tout en s'indignant à juste titre des comportements hallucinants des organisations, trouver de nouvelles pistes pour redonner du sens à la vie collective ?
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