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Fin d'ère - Nouvel air
8 juin 2004

07- Le fossoyeur de dollars

15.

 

Le temps est aux économies, il faut "coûte que coûte" réduire les dépenses, c’est certain ! Il n’y a pas longtemps, j’ai rencontré Jean, un directeur financier qui a appliqué ce principe au pied de la lettre. Il a entre autre économisé des millions de francs sur le budget de communication et supprimé une partie de la rémunération variable des commerciaux. Il a atteint ses objectifs en un temps record. De l’avis de certains, c’est un excellent directeur financier.

Je suppose que votre métier ne doit pas vous faire que des amis ?

Par définition, oui, bien sûr. Eux, ils dépensent, moi j’économise. Je suis un peu la police. C’est un rôle ingrat vous savez. Mais moi, ma religion a toujours été qu’un sou d’économisé était un sou de gagné. Alors je traque les excès, je débusque les dépassements, je tire sur les achats, et j’essaie de comprimer au maximum les budgets. C’est une guerre de tous les instants car on ne peut vraiment faire confiance à personne.

Comment faites-vous pour savoir si une réduction de budget est justifiée ?

Si on écoute les gens, elle ne l’est jamais. Chaque personne est indispensable et chaque centime est vital. Moi je coupe et après on voit. Quelquefois, il faut faire marche arrière, mais souvent, après quelques semaines où ils me font la gueule, ils finissent par ne plus m’en parler. Tenez, par exemple, au service communication, je leur ai coupé 40 % de leur budget car il fallait trouver des économies. Au début, ils ont hurlé, ils m’ont menacé. Et puis ça a fini par se tasser. Mais enfin aujourd’hui le pouvoir est à la finance et je sais que je suis soutenu en haut lieu. Alors, pour savoir si une réduction de budget est justifiée je leur dis que si je ne réduis pas leur budget, je serai peut-être obligé de leur couper des têtes. Ils sont très vite calmés vous savez. De toutes façons, on sait bien que tout le monde bidonne les budgets , alors si on en enlève un peu ils se débrouilleront quand même !

Cela vous amène vraisemblablement à interrompre des projets presque en phase terminale ?

C’est vrai et on me dit toujours que c’est bête de perdre tout l’investissement alors que 60 ou 70% ont déjà été investis. Mais moi, ce que je veux, c’est des E-CO-NO-MIES. Quand ça ira mieux on pourra alors réinvestir, quitte à recommencer à zéro certaines démarches. Pour l’instant on n’a pas les moyens, alors on élague et on se concentre sur l’essentiel.

Vous n’avez pas peur de démotiver les gens ?

Je ne suis pas payé pour gérer les états d’âme des gens. S’ils ne sont pas contents, ils peuvent toujours aller ailleurs. C’est d’ailleurs ce que font certains d’entre eux. Ce qui est essentiel pour moi c’est le bilan et surtout la dernière ligne. Alors, la motivation des gens dans tout ça , ça me fait doucement rigoler. Nous sommes une entreprise et pas l’assistance publique. On est là pour faire du profit pas pour s’amuser.

Et les licenciements ?

Là c’est plus compliqué car il y a tout un arsenal juridique à mettre en œuvre. Et puis il y aussi la sensiblerie de certains. La rentabilité d’une entreprise ne supporte pas les écarts affectifs. Quand l’entreprise a les moyens, elle peut nourrir les gens, quand elle ne les a plus elle doit s’en séparer. Alors bien entendu le problème que l’on a c’est que les lois nous amènent à préférer la mise en retraite anticipée aux licenciements. Or, ce sont souvent ceux qui ont le plus de compétences et d’expérience. Enfin, comme ce sont les plus anciens dans un premier temps ça allège nettement la charge salariale. Il sera toujours temps de former leurs remplaçants le jour venu.

Comment jugez-vous de votre efficacité ?

Rien de plus simple, je demande a être jugé sur les économies que je fais réaliser. D’ailleurs je viens de proposer de modifier la rémunération des vendeurs car je trouve qu’ils gagnent des sommes scandaleuses. Là on va économiser de l’argent.

Et il n’y a pas de risque pour vos ventes ?

Pensez donc, ce n’est pas 20 ou 30 % de moins sur les commissions qui va les empêcher d’avancer. Et puis, de toutes façons, les clients continueront à acheter nos produits. Ils ont toujours été fidèles.

 

REFLEXION

Cela me rappelle le procès d’un chirurgien américain qui plaida la réussite technique de l’opération, alors que le patient en était mort.

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Commentaires
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  • A un moment où tout semble battre de l'aile, comment tout en s'indignant à juste titre des comportements hallucinants des organisations, trouver de nouvelles pistes pour redonner du sens à la vie collective ?
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